Objet : Priorités pour un service RER performant
à Louvain-la-Neuve – PPI 2013-2025
Monsieur le Ministre de l’Environnement,
de l’Aménagement du territoire et de la Mobilité,
Le Gouvernement wallon est sur le point,
dans un contexte d'austérité budgétaire, de réaliser la synthèse du plan
ferroviaire 2013-2025 qui déterminera les grandes priorités du rail de notre
région. En tant qu'habitants de Louvain-la-Neuve concernés par les lourds
investissements régionaux affectés aux infrastructures du terminal RER de la
cité universitaire, nous nous permettons de vous adresser quelques observations
qui visent à remettre l'intérêt du service public au centre de ce débat
complexe sur la mobilité dans le Brabant wallon.
Quatre permis (P.U. et d'urbanisme) viennent d'être délivrés
par la Région dans ce dossier connexe au terminus RER: le Parking relais et le
rallongement des quais de la gare (SNCB), les accès Région interviendrait pour
près de 80 Millions € dans la réalisation de ces infrastructures.
Les faiblesses techniques que nous soulevons dans ce
grand chantier dont l'objectif affirmé est d'améliorer le service public de
mobilité à la périphérie de la capitale sont les suivantes:
1. La
capacité réduite de réception des rames RER dans la gare existante de LLN
2.
L'intermodalité SNCB-TEC inadéquate.
Nous pensons que si ce vaste chantier se réalisait dans sa
configuration actuelle, il hypothèquera le bon fonctionnement du RER au départ
de LLN. Voici notre raisonnement.
1. La capacité
réduite de réception des rames RER dans la gare existante de LLN
Le rapport intitulé "Le transport ferroviaire, un
atout structurant pour la Wallonie" réalisé par TRITEL en 2011 à
la demande de la Région, met en évidence les carences de la gare de LLN dans la
perspective de la mise en service du RER:
« Dans sa configuration actuelle, il (le terminus en
impasse de Louvain-la-Neuve) sera vraisemblablement à saturation à la mise en
service du RER (cfr. Étude de capacité du RER). Une configuration avec une
arrière-gare, solution généralement adoptée dans les réseaux de métro,
augmenterait la capacité de réception et permettrait de réaliser les manœuvres
derrière la gare sans en perturber les départs. Cette solution est préconisée à
Louvain-la-Neuve. Les emprises sont disponibles dans le prolongement des voies
existantes. Il faudrait également étudier la faisabilité d'une quatrième voie à
quai à LLN (....)» Lire la suite P 119.
Concrètement, le rapport TRITEL recommande dans le Projet N°
6 "la réalisation d'une arrière-gare et l'étude d'un quai
supplémentaire" (8 M€) ainsi que " l'implantation d'une
liaison de contre-voie pour faciliter les mouvements de matériel roulant entre
LLN et le poste d'entretien d'Ottignies." (1 M€).
Dans les conclusions de ce rapport TRITEL (p 132), ce projet
N° 6 figure parmi les 10 projets les plus pertinents --"quick wins"-
en termes de coût/bénéfice. Précisons que l'objectif de ce projet modeste
permettrait d'augmenter les cadences en heure de pointe au départ de la gare de
LLN.
Il s'agit donc d'un
projet qui aurait un impact déterminant sur la qualité du service RER sur la
ligne 161.
Nous nous étonnons dès lors que ce projet N° 6 n'ait pas été
envisagé, ni dans les 4 permis postérieurs accordés par la RW pour la construction
des infrastructures annexes au RER à LLN, ni dans le PPI 2013-2025 de la SNCB.
En effet, le Parking relais SNCB est en passe d'être construit sans prévoir la
réalisation future de l'arrière-gare TRITEL alors que l'emprise et les déblaiements
de sol le permettraient dans le cadre des chantiers pressentis.
L'option entérinée par la Région comporte une hypothèque
supplémentaire pour le futur du service RER sur la ligne 161: l'emprise de l'arrière-gare
a été mobilisée pour réaliser une voirie en surface, en l’occurrence
la Rue de la Flèche qui constitue une annexe fonctionnelle au projet
immobilier de la S.A. Courbevoie.
Monsieur le Ministre, nous estimons que ces contradictions
entre, d'une part, les recommandations de TRITEL dont le mérite fut de mettre
le service public de mobilité au centre de ses critères d'efficience et,
d'autre part, les dispositifs mis en œuvre concrètement dans les 4 permis
récemment octroyés par la Région wallonne, enfreignent le principe de bonne
gouvernance en matière d'aménagement du territoire. La disproportion est
manifeste entre les investissements à consentir (près de 80 M€) par la Région
pour la réalisation d'infrastructures lourdes en faveur, au moins
partiellement, d’intérêts privés et ceux, modestes (9 M€) qui pourraient
contribuer à un service RER performant au bénéfice de la collectivité.
Si la Région wallonne reconnaît la pertinence du Projet N°6
de TRITEL en ce qu’il garantira de bonnes cadences au RER 161 en heure de
pointe, il convient qu’elle mette tout en oeuvre pour que ces aménagements
soient réalisés à l’occasion des permis délivrés et qu’ils soient priorisés
dans le PPI que le fédéral est sur le point d’adopter.
2. Une intermodalité
SNCB-TEC inadéquate
Le projet de Parking relais SNCB de LLN dont le Permis Unique
fut octroyé par la Région en juillet 2012 souffre d'une intermodalité
inadéquate sur le plan des transports en commun.
En effet, la gare des bus TEC est maintenue à son emplacement
actuel, à 450m des quais de la gare SNCB. Seules 6 des 17 lignes TEC qui
desservent LLN feront arrêt « à proximité » du futur terminus RER de
Louvain-la-Neuve. A notre connaissance, cette situation aurait peu de chance de
s'améliorer dans la mesure où le seul espace pertinent pour l’aménagement d'une
nouvelle gare TEC a été attribué à un promoteur immobilier et que l'emprise du
P+R lui-même réduit la marge future pour relocaliser cet équipement collectif
vital.
Nous pensons que l'intermodalité SNCB-TEC est un objectif
d'utilité publique prioritaire et cet objectif figure également dans les lignes
de force de la politique wallonne en matière de mobilité.
La 7ème gare de Wallonie ne doit pas échapper à cette règle
de bon sens. Pour réduire l'usage de la voiture particulière (VP), il faut
améliorer le service des transports en commun et leur intermodalité.
Le projet de P+R de LLN privilégie à grands frais le report
modal VP-RER et sacrifie l'intermodalité TEC-RER. Il encourage l'usage de la
voiture particulière comme moyen d'accès au centre urbain dans la mesure même
où il hypothèque l'investissement vertueux d'une plate-forme multimodale
cohérente. Le développement pressenti de la petite ceinture de LLN s'inscrit
dans la même logique: + de 7000 places de parking supplémentaires sont déjà
planifiées dans un rayon de 800m autour de la gare SNCB. Cette évolution est
contraire aux recommandations des Plans wallon, provincial et communal
(2003) de mobilité.
Monsieur le Ministre, nous vous demandons de tout mettre en
oeuvre pour que les investissements consentis par la Région wallonne
contribuent à favoriser le transport public de façon cohérente et intégrée.
L'option d'un Parking relais SNCB tel que planifié à Louvain-la-Neuve est, à ce
titre, déficiente. L'Etude d'Incidence Environnementale n'a pas approfondi les
dispositifs alternatifs garants d'une bonne valorisation du RER. A notre avis,
ce dossier n'est donc pas mûr pour être intégré dans le planning des
investissements régionaux de 2013.
CONCLUSION
Nous demandons au Conseil des Ministres de surseoir à la
décision de prioriser les investissements pressentis pour la réalisation du
Parking relais SNCB de Louvain-la-Neuve et de ses accès autoroutiers (SPW) car
ils comportent des vices de conception qui seront difficilement réparables.
Ces vices de conception se résument, d'une part, à
l'inadéquation de la gare actuelle de LLN à sa fonction future de terminus
RER (rapport TRITEL) et, d'autre part, à la non-conformité du dispositif
intermodal aux prescriptions des Plans wallon, provincial et communal de
Mobilité dans le domaine des transports en commun. Par ailleurs, ces
infrastructures ne sont pas prioritaires vu le report de la finalisation du RER
qui aura pour effet une sous-utilisation du P+R pendant plusieurs années alors
même que la surcapacité du parking relais SNCB a été pointé par plusieurs institutions
(CWEDD) et associations (IEW) de renom.
Nous demandons aussi au Conseil de répercuter nos
préoccupations vers le pouvoir fédéral qui statuera bientôt sur le PPI
2013-2025 de la SNCB, en particulier dans sa compétence d'exiger que la
priorité N°6 du rapport TRITEL 2011 soit effective sous peine de nuire au
service RER futur sur la ligne 161.
Merci de nous avoir donné ici l'occasion d'exprimer nos
remarques et souhaits relatifs aux transports en commun au sein de notre
Région.
Cordialement,
le collectif Urbaverkoi