Les « carabistouilles » de l'UCL : à vous de jouer !

En juin 2012, lors de la dernière enquête publique relative au parking-relais SNCB, l'UCL avait diffusé une pétition trompeuse qui assimilait le P+R au terminus RER de Louvain-la-Neuve."Sans parking-relais, pas de terminus RER" pouvait-on y comprendre en substance.

Cette pétition simpliste fut largement diffusée par mail au personnel académique, aux entreprises du parc scientifique et au public, résident ou navetteur, de LLN. Des employés de l'INESU furent mis à contribution, pendant leurs heures de travail, pour la faire signer aux passants et aux usagers du train à proximité de la gare de LLN.
Elle rassembla 2517 signatures et fut transmise au Collège Communal d'OLLN en guise d'avis à l'enquête publique. Elle fut, à ce titre, reprise dans le Permis du P+R délivré par la RW en juillet 2013 sous le titre de "pétition citoyenne". Nous avons sur ce blog énuméré les contre-vérités que comportait cette pétition simpliste:
(1) le statut de gare terminus RER dépend de la construction du P+R
(2) avec le RER, le temps de parcours entre LLN et BXL sera réduit de moitié
(3) le P+R va profiter à « la population de LLN, aux étudiants, au personnel de l’UCL et aux entreprises du Parc scientifique, et de manière générale, aux personnes qui fréquentent le site de LLN"
(4) avec le recul, on peut déjà relever une 4ème promesse trompeuse: "grâce au P+R, LLN devient le terminus du RER fin 2014 avec 4 trains liaisons/h vers Bxl en  heure de pointe." Or, il s'avère.... que le RER sur la ligne 161, n'entrera pas en service avant 2021 sans parler de la saturation prévisible de la gare de LLN.
ndla : Souvenons-nous qu'en 2010, c'est 6 trains par heure qui étaient promis aux heures de pointes. Déjà deux de perdus !
Le démarrage du chantier du P+R, préparé clandestinement entre l'UCL et la SNCB donnent à nouveau l'occasion à l'UCL de diffuser des contre-vérités à propos des bénéfices attendus du parking relais de Louvain-la-Neuve.
Voici le communiqué presse de l'UCL paru le 6 décembre 2013, à l'occasion du démarrage du chantier : « Un parking-relais RER àLouvain-la-Neuve pour désengorger la E411 »
A présent, à vous de jouer !
Nous vous proposons de parcourir ce communiqué et d'épingler l'une ou l'autre contre-vérité ou promesse douteuse. Envoyez-nous vos trouvailles ici.
De notre côté, nous en avons repéré au moins 10 !
Nous vous les révélons petit-à-petit sur ce blog.

P+R : un démarrage du chantier bien précipité pour un projet NON prioritaire d'après plusieurs experts

Ce lundi 2 décembre ont débuté dans l'urgence les travaux de réalisation d'un parking-relais SNCB de 3.300 places, érigé en plein centre de Louvain-la-Neuve. 

Sans en avertir les riverains, ni la commune dans les délais impartis (15 jours minimum – cfr articles 84, 134 et 137 du CWATUPE) l'opération de mise à nu du terrain de 2,5ha et ses abords a été entamée alors que le comité de suivi du chantier pourtant imposé par le permis ne s'est réuni que ce soir pour la première fois et qu'aucun périmètre de sécurité n'encadre le travail des bulldozers.

Mais au-delà de ces infractions que certains qualifieront de « mineures » et pourtant malheureuses à constater, il est important avant tout de vous communiquer que ce projet d'infrastructure, initialement estimé à 46 millions d'euros publics, se réalise en dépit des recommandations émises par trois études d’experts commanditées par nos autorités wallonnes.

Parmi celles-ci, le rapport de la Cellule Ferroviaire wallonne (1), quelque peu "décoiffant", sorti en septembre 2013 et préalable à la décision du GW du 7/11/2013 concernant l'affectation des montants inscrits au PPI (GF 19 juillet 2013), qui remet fortement en question la mise en chantier de ce parking, alors que le RER ne sera en service qu'en 2026, qu'il y a déjà 1.000 places disponibles dans les parkings existants de LLN et que la vétusté du rail belge devrait nous inviter à y investir nos ressources plutôt que les immobiliser dans une infrastructure non prioritaire. Un rapport qui conclut que « La Région wallonne a donc tout intérêt à reporter ce projet », d'autant qu'elle en a les moyens, le contrat de préfinancement étant devenu obsolète. 

Les deux autres rapports de Technum (juin 2013) (2) et Tritel (mars 2012) (3), également réalisés à la demande des autorités wallonnes, abondent dans le même sens, en abordant d'autres éléments tout aussi importants, notamment la recommandation de réaliser prioritairement une arrière-gare sur Louvain-la-Neuve. Les références et arguments développés dans ces trois études vous sont résumés au bas de ce mail.
Néanmoins, en dépit des recommandations émises par ces trois études, le gouvernement wallon a donné le feu vert à la construction du parking-relais de LLN.

Nous interpellons aujourd’hui le pouvoir politique sur  l'urgence de réaliser une telle infrastructure dont la charge financière et la rentabilité future nous semblent loin d'être garanties.  
De plus, si le projet d'"arrière-gare" -le projet 6 de TRITEL adopté par le GW ce 7 novembre- s'avérait techniquement irréalisable lorsque le P+R sera construit, c'est la liaison RER LLN-BXL qui s'en trouverait compromise. 
Ne conviendrait-il pas de consacrer en priorité les budgets disponibles (et réduits en ces temps d'austérité) à entretenir le rail belge devenu vétuste et à finaliser des portions de RER susceptibles d'améliorer la qualité du service (ponctualité, cadences,...) plutôt que de les investir dans des infrastructures de type proche des "travaux inutiles", comme on s'apprête à le faire à Louvain-la-Neuve (néanmoins profitable aux promoteurs qui bénéficieront de la dalle ainsi construite pour y ériger un quartier de 600 logements) ?
Nous pensons qu'il est encore temps de modifier le cours des choses afin d'investir les deniers publics dans un projet cohérent au service du citoyen. Parlons-en autour de nous et interrogeons nos représentants politiques.


Plus d'infos sur ces études ?

Voici les liens et un bref résumé des arguments qui sont développés dans les trois études en question.
(1) Rapport de la Cellule ferroviaire SPW. "PPI 2001-2012/PPI 2012-2013 Rapport d'analyse" (septembre 2013). Lire en p 172.
Ce rapport, quelque peu "décoiffant", tout récent et préalable à la décision du GW du 7/11/2013 concernant l'affectation des montants inscrits au PPI (GF 19 juillet 2013) remet fortement en question la mise en chantier de ce parking, alors que le RER ne sera en service qu'en 2026, qu'il y a déjà 1.000 places disponibles dans les parkings existants de LLN et que la vétusté du rail belge devrait nous inviter à y investir nos ressources plutôt que les immobiliser dans une infrastructure non prioritaire. Un rapport qui conclut que « La Région wallonne a donc tout intérêt à reporter ce projet », d'autant qu'elle en a les moyens, le contrat de préfinancement étant devenu obsolète.
(2) Avis TECHNUM (ex-TRITEL) « Etude relative à la situation et aux perspectives du réseau ferroviaire en Wallonie » (analyse approfondie du projet de PPI du Groupe SNCB) – 17/06/2013
Cette étude, réalisée à la demande de la "cellule ferroviaire du SPW", avait pour objectif d'analyser les modifications intervenues dans le projet PPI à la suite du conclave budgétaire fédéral du 04/01/2013. Voici ce qu'elle conclut à propos du P+R/SNCB de LLN:  (page 89)
"La politique de gare en Wallonie semble donc déséquilibrée (...) Le Park & Ride de Louvain-la-Neuve (25,1 M€) pour la SNCB-Holding + participations UCL et SPW) n’est quant à lui plus dicté par l’urgence, dès lors que si le PPI se confirme, l’offre ferroviaire dans cette gare restera malheureusement peu attractive jusqu’en décembre 2025. Les besoins relatifs à la gare de Charleroi-Sud et à son environnement (80 M€, de 2013 à 2021) méritent d’être étudiés, mais ne seraient, à notre connaissance, associés à aucun projet précis (concours d’urbanisme, étude de faisabilité, etc.) à ce stade. Nous recommandons donc la plus grande prudence avant d’engager ces importants investissements, qui, pour Mons, Louvain-la-Neuve et Charleroi, monopolisent de surcroît des ressources en début de Plan. Or, c’est précisément dans les cinq prochaines années qu’il est indispensable de dégager des ressources pour garantir la pérennité du réseau ferroviaire en Wallonie. Un phasage et/ou un redimensionnement de ces projets parait nécessaire."
Pour les habitants d'Ottignies-Louvain-la-Neuve, comme pour tous les navetteurs sur la ligne 161, l'urgence consiste donc d'abord à finaliser la mise à 4 voies afin d'y faire circuler un "RER-light". L'autre priorité est de remédier, à court terme, à la vétusté et à l'inadéquation de la gare d'Ottignies à son statut de 1ère gare de Wallonie. Le principe "coulissant" du PPI, adopté par le fédéral en juillet dernier, permet de réaffecter les ressources en fonction des urgences, ce qui visiblement n’est plus le cas pour le P+R de LLN !
(3) Rapport TRITEL - "Le transport ferroviaire, un atout structurant pour la Wallonie" (19/03/2012)
Ce rapport définitif de mars 2012, réalisé à la demande du Gouvernement wallon, brossait les priorités du rail wallon pour la décennie future. Parmi les 34 projets soumis à l'appréciation du GW figurait la réalisation, à LLN, d'une "arrière-gare" qui garantirait la "robustesse" de cette tête de ligne RER, en fluidifiant la réception des trains et en absorber les cadences RER augmentées en heure de pointe. Sans ce dispositif, le rapport prévoit une surcharge de la gare de LLN en heure de pointe avec, pour conséquence, une perte d'opérationnalité du RER ainsi que du trafic ordinaire. Ce projet d'arrière-gare (n° 6 aux pp. 136 et 137) était retenu par TRITEL parmi les 10 premières priorités (sur 34) en termes de coût/bénéfice (p. 132).
Le Gouvernement wallon, en date du 7 novembre 2013, a adopté ce dispositif d'arrière-gare (projet TRITEL 6) comme l'une de ses priorités à réaliser au cours du PPI 2013-2025.
Nous nous demandons cependant si la réalisation ultérieure d'une telle arrière-gare, indispensable au bon fonctionnement du RER, sera effectivement réalisable lorsque le P+R/Courbevoie sera achevé. En effet, la rue de la Flèche adjacente au P+R surplombera partiellement cette prolongation du rail. Or, il semble évident que la congestion prévisible de la gare de LLN est une contrainte technique à résoudre avant la construction d'un P+R et non après !