Ce lundi 2 décembre ont débuté dans
l'urgence les travaux de réalisation d'un parking-relais SNCB de 3.300
places, érigé en plein centre de Louvain-la-Neuve.
Sans en avertir les riverains, ni la
commune dans les délais impartis (15 jours minimum – cfr articles 84,
134 et 137 du CWATUPE) l'opération de mise à nu du terrain de 2,5ha et
ses abords a été entamée alors que le comité de suivi du chantier
pourtant imposé par le permis ne s'est réuni que ce soir pour la
première fois et qu'aucun périmètre de sécurité n'encadre le travail des
bulldozers.
Mais
au-delà de ces infractions que certains qualifieront de « mineures » et
pourtant malheureuses à constater, il est important avant tout de vous
communiquer que ce projet d'infrastructure, initialement estimé à 46
millions d'euros publics, se réalise en dépit des recommandations émises
par trois études d’experts commanditées par nos autorités wallonnes.
Parmi celles-ci, le rapport de la Cellule Ferroviaire wallonne (1),
quelque peu "décoiffant", sorti en septembre 2013 et préalable à la
décision du GW du 7/11/2013 concernant l'affectation des montants
inscrits au PPI (GF 19 juillet 2013), qui remet fortement en question la
mise en chantier de ce parking, alors que le RER ne sera en service
qu'en 2026, qu'il y a déjà 1.000 places disponibles dans les parkings
existants de LLN et que la vétusté du rail belge devrait nous inviter à y
investir nos ressources plutôt que les immobiliser dans une
infrastructure non prioritaire. Un rapport qui conclut que « La Région wallonne a donc tout intérêt à reporter ce projet », d'autant qu'elle en a les moyens, le contrat de préfinancement étant devenu obsolète.
Les deux autres rapports de Technum (juin 2013) (2) et Tritel (mars 2012) (3),
également réalisés à la demande des autorités wallonnes, abondent dans
le même sens, en abordant d'autres éléments tout aussi importants, notamment
la recommandation de réaliser prioritairement une arrière-gare sur
Louvain-la-Neuve. Les références et arguments développés dans ces trois
études vous sont résumés au bas de ce mail.
Néanmoins,
en dépit des recommandations émises par ces trois études, le
gouvernement wallon a donné le feu vert à la construction du
parking-relais de LLN.
Nous interpellons aujourd’hui le pouvoir politique sur l'urgence
de réaliser une telle infrastructure dont la charge financière et la
rentabilité future nous semblent loin d'être garanties.
De plus, si le
projet d'"arrière-gare" -le projet 6 de TRITEL adopté par le GW ce 7
novembre- s'avérait techniquement irréalisable lorsque le P+R sera
construit, c'est la liaison RER LLN-BXL qui s'en trouverait compromise.
Ne
conviendrait-il pas de consacrer en priorité les budgets disponibles
(et réduits en ces temps d'austérité) à entretenir le rail belge devenu
vétuste et à finaliser des portions de RER susceptibles d'améliorer la
qualité du service (ponctualité, cadences,...) plutôt que de les
investir dans des infrastructures de type proche des "travaux inutiles",
comme on s'apprête à le faire à Louvain-la-Neuve (néanmoins profitable
aux promoteurs qui bénéficieront de la dalle ainsi construite pour y
ériger un quartier de 600 logements) ?
Nous pensons qu'il est encore temps de modifier le cours des choses
afin d'investir les deniers publics dans un projet cohérent au service
du citoyen. Parlons-en autour de nous et interrogeons nos représentants politiques.
Plus d'infos sur ces études ?
Voici les liens et un bref résumé des arguments qui sont développés dans les trois études en question.
(1) Rapport de la Cellule ferroviaire SPW. "PPI 2001-2012/PPI 2012-2013 Rapport d'analyse" (septembre 2013). Lire en p 172.
Ce
rapport, quelque peu "décoiffant", tout récent et préalable à la
décision du GW du 7/11/2013 concernant l'affectation des montants
inscrits au PPI (GF 19 juillet 2013) remet fortement en question la mise
en chantier de ce parking, alors que le RER ne sera en service qu'en
2026, qu'il y a déjà 1.000 places disponibles dans les parkings
existants de LLN et que la vétusté du rail belge devrait nous inviter à y
investir nos ressources plutôt que les immobiliser dans une
infrastructure non prioritaire. Un rapport qui conclut que « La Région wallonne a donc tout intérêt à reporter ce projet », d'autant qu'elle en a les moyens, le contrat de préfinancement étant devenu obsolète.
(2) Avis TECHNUM (ex-TRITEL) « Etude
relative à la situation et aux perspectives du réseau ferroviaire en
Wallonie » (analyse approfondie du projet de PPI du Groupe SNCB) –
17/06/2013
Cette
étude, réalisée à la demande de la "cellule ferroviaire du SPW", avait
pour objectif d'analyser les modifications intervenues dans le projet
PPI à la suite du conclave budgétaire fédéral du 04/01/2013. Voici ce
qu'elle conclut à propos du P+R/SNCB de LLN: (page 89)
"La
politique de gare en Wallonie semble donc déséquilibrée (...) Le
Park & Ride de Louvain-la-Neuve (25,1 M€) pour la SNCB-Holding +
participations UCL et SPW) n’est quant à lui plus dicté par l’urgence, dès lors que si le PPI se confirme, l’offre ferroviaire dans cette gare restera malheureusement peu attractive jusqu’en décembre 2025. Les besoins relatifs à la gare de Charleroi-Sud et à son environnement (80 M€, de 2013 à 2021) méritent d’être étudiés, mais ne seraient, à notre connaissance, associés à aucun projet précis (concours d’urbanisme, étude de faisabilité, etc.) à ce
stade. Nous recommandons donc la plus grande prudence avant d’engager
ces importants investissements, qui, pour Mons, Louvain-la-Neuve et Charleroi, monopolisent de surcroît des ressources en début de Plan. Or, c’est précisément dans les cinq prochaines années qu’il est indispensable de dégager des ressources pour garantir la pérennité du réseau ferroviaire en Wallonie. Un phasage et/ou un redimensionnement de ces projets parait nécessaire."
Pour
les habitants d'Ottignies-Louvain-la-Neuve, comme pour tous les
navetteurs sur la ligne 161, l'urgence consiste donc d'abord à finaliser
la mise à 4 voies afin d'y faire circuler un "RER-light". L'autre
priorité est de remédier, à court terme, à la vétusté et à
l'inadéquation de la gare d'Ottignies à son statut de 1ère gare de
Wallonie. Le principe "coulissant" du PPI, adopté par le fédéral en
juillet dernier, permet de réaffecter les ressources en fonction des
urgences, ce qui visiblement n’est plus le cas pour le P+R de LLN !
(3) Rapport TRITEL - "Le transport ferroviaire, un atout structurant pour la Wallonie" (19/03/2012)
Ce
rapport définitif de mars 2012, réalisé à la demande du Gouvernement
wallon, brossait les priorités du rail wallon pour la décennie future.
Parmi les 34 projets soumis à l'appréciation du GW figurait la
réalisation, à LLN, d'une "arrière-gare" qui garantirait la "robustesse"
de cette tête de ligne RER, en fluidifiant la réception des trains et
en absorber les cadences RER augmentées en heure de pointe. Sans ce
dispositif, le rapport prévoit une surcharge de la gare de LLN en heure
de pointe avec, pour conséquence, une perte d'opérationnalité du RER
ainsi que du trafic ordinaire. Ce projet d'arrière-gare (n° 6 aux pp.
136 et 137) était retenu par TRITEL parmi les 10 premières priorités
(sur 34) en termes de coût/bénéfice (p. 132).
Le
Gouvernement wallon, en date du 7 novembre 2013, a adopté ce dispositif
d'arrière-gare (projet TRITEL 6) comme l'une de ses priorités à
réaliser au cours du PPI 2013-2025.
Nous
nous demandons cependant si la réalisation ultérieure d'une telle
arrière-gare, indispensable au bon fonctionnement du RER, sera
effectivement réalisable lorsque le P+R/Courbevoie sera achevé. En
effet, la rue de la Flèche adjacente au P+R surplombera partiellement
cette prolongation du rail. Or, il semble évident que la congestion
prévisible de la gare de LLN est une contrainte technique à résoudre
avant la construction d'un P+R et non après !