Se déplacer autrement...
ou comment noyer le poisson ?

Lu et à lire d'un oeil critique dans La Quinzaine, journal de l'UCL, de ce mois d'octobre 2010 : « Se déplacer autrement à Louvain-la-Neuve ».

En s'arrêtant au titre, les néo-louvanistes qui le sont devenus notamment avec la volonté d'y vivre sans voiture pourraient se réjouir de la parution de ce qui pourrait être une invitation à vivre LLN pour ce qu'elle est supposée être, une ville piétonne.

Malheureusement, au-delà des chiffres qui n'étonnent même plus sur l'abondance automobile locale (sans même évoquer les innombrables déplacements intra-urbains effectués en voiture pour éviter 10 minutes de marche !), on retombe tristement semble-t-il dans le manque d'ambition (ou le greenwashing ?) déjà flagrant dans le schéma d'aménagement ou dans le projet Courbe Voie. Ainsi, on peut lire :
  • « au moins un emplacement vélo par famille » pour les nouveaux logements... Pour les habitués de l'habitacle fermé, il n'est peut-être pas encore évident que le vélo, à part le tandem et autre système de rallonge pour enfant, est individuel et qu'un emplacement par habitant est donc un strict minimum, insuffisant même si l'on espère voir les visiteurs adopter le même mode de déplacement...
  •  « dans le projet de quartier lié au RER, les urbanistes réfléchissent à raréfier les places de parking au profit du vélo et de la marche » mais le temps est-il encore à la réflexion ou enfin à la prise de décision et de mesures volontaristes alors que la demande de permis pour le parking RER et son niveau pour Courbe Voie sera introduite à la Commune dans les semaines à venir ?! Rappelons que le projet présenté en juin prévoit 900 places de parking pour 600 logements.

Et pourtant, c'est aussi le moment du grand retour sur scène du qualificatif d'« écoquartier »  perdu publiquement lors de la séance d'information du mois de juin. On peut d'ailleurs lire dans le PV publié sur le site de la commune que « vu les grandes contraintes de départ, l'UCL a préféré le terme de « quartier durable » »...
Les citernes d'eau de pluie et les doubles circuits, les jardins et zones de compostage, la mixité socio-économique, la participation, et les autres éléments essentiels à un éco-quartier (sans revenir encore sur les proportions de parkings vélo/auto) auraient-ils miraculeusement retrouvés une place dans ce projet ?! En savoir plus sur les éco-quartiers.

Quoi qu'il en soit, un éco-quartier sur la dalle d'un silo de parkings déconnecté de la terre dont les arbres sont enfermés dans des pots de fleur géants me paraît tout aussi absurde mais très bien assorti aux élevages industriels hors sol dont les animaux doivent, pour survivre le temps de produire suffisamment d'une viande imprégnée de leur stress, être gavés d'antibiotiques et d'hormones. Les fumiers et lisiers produits en si grande quantité sur une si petite surface sont alors impossibles à réintroduire totalement dans le cycle de la matière organique et deviennent ainsi polluants au lieu d'enrichissants...

Pour revenir à la participation après cette petite digression, une affirmation encore semble démesurée par rapport à la réalité: « les habitants ont été consultés à plusieurs reprises sur ce projet ». A quelles autres consultations que les trois enquêtes publiques condensées au mois de juin cela fait-il donc référence ?!

Mis à part cela, on peut se réjouir de l'arrivée d'un nouveau coordinateur mobilité à l'UCL qui a du pain sur la planche si l'on en croit le premier chiffre mentionné dans cet article : 60% du personnel UCL se rendant au travail en voiture et un emplacement de parking pour 3 étudiants étant apparemment devenu insuffisant.