P comme Parking, Pollution et Particules Fines


...le point de vue d'un médecin sympathisant d'Urbaverkoi
sur le projet de parking de 3.300 places qui devrait prendre place entre Lauzelle et La Baraque,
au côté du millier de places sous l'Esplanade (sans compter les milliers d'autres existantes e à venir sous la dalle du centre et ses extensions)

Ces dernières années, les effets nuisibles de la pollution de l’air sur la santé sont de mieux en mieux connus. Ce sont les particules fines, issues notamment des activités industrielles et du trafic automobile  qui semblent avoir le rôle le plus important. Elles sont classées en fonction de leur taille. Les plus petites, inférieures à 2,5 µm (PM2,5) sont les plus nocives. L’origine de ces PM2,5 provient en grande partie des moteurs diesels. Les gaz d’échappement de moteurs diesels sont d’ailleurs reconnus par l’OMS comme cancérigènes certains depuis juin 2012.

 Les données scientifiques concernant le rapport de la concentration des PM2,5 (mesurées en µg/m3 ) dans l’air et notre santé sont maintenant bien établies :
-         en moyenne, l’exposition à long terme augmente le risque de mortalité non accidentelle de 6%, de mortalité par cancer du poumon de 15-21%, et de mortalité cardiovasculaire de 12-14% pour chaque élévation de 10 µg/m3 (1)
-         vivre près d’une route fréquentée semble être associé à une élévation de ces risques (1)
-         le risque relatif d’avoir un infarctus du myocarde est de 1,31 (c'est-à-dire augmentation du risque de 31%) pour chaque élévation de  10 µg/m3 (2). A titre de comparaison, ce même risque relatif  est de 1,25 pour le tabagisme passif (3)
-         l’étude Aphekom a été réalisée dans 12 pays européens entre 2008 et 2011. Le respect des normes OMS (<10 µg/m3 ) à Bruxelles permettrait de gagner 7 mois d’espérance de vie. Vivre près d’une route fréquentée augmente le risque d’asthme chez l’enfant de 15 à 30%, ainsi que d’aggravation de maladie respiratoire chronique chez les personnes âgées de plus de 65 ans dans un même ordre de grandeur. (4)

Les effets de cette pollution de l’air sur la santé sont donc tout à fait comparables à ceux du tabagisme passif, à la différence près que personne ne peut y échapper... Force est de constater que les réactions des pouvoirs publics face à cette pollution sont loin de la « tolérance zéro » pour le tabac qui s’est généralisée dans tous les lieux publics.

L’OMS recommande de ne pas dépasser la concentration de PM2,5 au-delà de 10 µg/m3 . Cette valeur n’est pas absolue, car une augmentation de la mortalité a déjà été mise en évidence pour des valeurs plus basses, de seulement quelques µg/m3 .(2)

A Bruxelles, la concentration moyenne en PM2,5 serait de 19 µg/m3, et dans le Brabant Wallon elle atteint 16 µg/m (mesures faites à Corroy-le-Grand). Contrairement à l’OMS, le bureau d'études Aries estime que la qualité de l’air peut être considérée comme bonne dans la région…

L’étude d’incidence n’a pas considéré l’impact du projet de parking sur la concentration des particules PM2,5, les plus nocives. Plusieurs études scientifiques ont pourtant montré que les conséquences de cette pollution sont les plus importantes aux abords immédiats de la circulation automobile.
Nous pouvons dès lors continuer à nous interroger quant au risque sérieux de dégradation de la qualité de l’air suite à l’implantation du parking SNCB à l’intérieur de notre ville.

Dr Pascal Vrielynck, médecin,Louvain-la-Neuve

(1) Rev Environ Health. 2008 Oct-Dec;23(4):243-97.
A systematic review of the relation between long-term exposure to ambient air pollution and chronic diseases.

(2) Environ Health Perspect. 2012 May;120(5):708-14. Risk of nonaccidental and cardiovascular mortality in relation to long-term exposure to low concentrations of fine particulate matter: a Canadian national-level cohort study.

 (3) N Engl J Med. 1999 Mar 25;340(12):920-6.
Passive smoking and the risk of coronary heart disease--a meta-analysis of epidemiologic studies.

(4) http://www.aphekom.org

 Ceci est d'autant plus interpellant que les émissions des moteurs sont beaucoup plus importantes à froid, les catalyseurs et les filtres à particules n'étant alors pas efficaces. Les premiers kilomètres, notamment ceux effectués dans les parkings et à leur sortie, sont ainsi les plus polluants. Ce point a été soulevé par le Pr. Patigny - spécialiste en la matière - dans ses observations écrites lors des enquêtes publiques. La question de savoir si l'étude d'incidences avait pris en compte ce paramètre est restée sans réponse.
Notons également que, suite à la première enquête publique, la SNCB a décidé d'évacuer l'air vicié vers le boulevard de Wallonie sans filtration. L'auteur de l'étude s'est par ailleurs, verbalement, montré très dubitatif quant à l'efficacité de tels filtres.

Ce problème de santé publique constitue un des nombreux éléments qui amène Urbavekoi à remettre en question le dimensionnement que la localisation de ce parking.

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