Tracé « sinueux » pour un câble à « haute tension ».

Lors des réunions de présentation de l’aménagement du quartier de la baraque à l’auditoire Sainte Barbe en juin dernier les responsables de l’urbanisme de l’UCL ont tu, l’existence d’un projet imminent de renforcement électrique haute tension entre Louvain la Neuve et Wavre. Ils ont tu aussi qu’ils étaient sans doute à l’origine du détournement de ce tracé via la rue de la baraque.

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Et une ligne haute tension une !

Après une réunion organisée à l'initiative de la commune rassemblant Mr Du Monceau échevin de l'urbanisme et Mr Juckler, conseiller en aménagement du territoire et urbanisme, Monsieur Hagelstein pour l'UCL, un représentant du collectif et trois représentant d'Elia, la commune a décidé de remettre un avis négatif par rapport à cette demande de permis et de demander un passage de la ligne par le Bd de Wallonie. C'est ce qui s'est réalisé finalement... Une demi-victoire  (voir article avril 2011). 
 
Mais qui donc passe les commandes au quartier de La Baraque ?!

Certainement pas ses habitants en tous cas...
Dans le cas de ce projet d'une nouvelle ligne 36kV, qui passerait par la rue de la Baraque et la Boucle des Métiers pour raccorder la sous-station de Basse Wavre à celle de l'avenue Georges Lemaître, c'est Elia qui est au bar pour le compte de GSK principalement, selon les informations fournies dans le dossier soumis à enquête publique.

Celui-ci reprend des plans détaillés et des généralités en terme d'impacts des champs magnétiques sur la santé mais passe plusieurs points sous silence :
  • les spécificités du quartier (rue étroite et piétonne ou bordant un futur parc public), mal connues d'ailleurs car certaines données semblent incorrectes telles que la largeur de la rue de La Baraque, largement sur-estimée par Elia.
  •  les effets cumulatifs de divers champs magnétiques et notamment l'augmentation inévitable de celui émis par la sous-station de LLN avec l'augmentation de la consommation.
  •  les alternatives, telles que celle d'un raccordement de Basse Wavre à Corbais, station située au croisement de la N4 et de la N25, loin de toute habitation, ce qui faciliterait les travaux et éviterait les nuisances pour les riverains.
  •  les déclarations d'Elia en matière de politique environnementale et d'investissement qui dit notamment veiller à installer les sites de production en dehors des zones d'habitat et envisage pourtant ici d'augmenter les nuisances d'un poste à côté duquel est envisagée la construction de nouveaux logements pour étudiants.
Le demandeur ne cache pourtant pas l'utilité très limitée dans le temps dans cet investissement supposé « dépanner » en attendant la transformation de la station de Basse Wavre en 150/36kV.
Il serait, selon Elia, rentabilisé ensuite pour répondre aux besoins croissants de LLN... Mais là encore les alternatives sont laissées au placard car d'une part les besoins futurs ne sont pas estimés aujourd'hui et d'autre part ils pourraient le cas échéant être rencontrés grâce à une nouvelle sous-station située hors zone d'habitat...

Pour ces raisons et d'autres développées dans l'avis collectif d'habitants du quartier, nous avons demandé à la commune de refuser le permis et que l'alternative d'un raccordement à Corbais soit privilégiée.

Gageons que notre administration communale engagée regardera plus loin et plus large que les demandeurs.

Les prix du logement à Louvain-la-Neuve : une fatalité ?


Une alternative : la « Land Trust Community » ?

Combien de fois n'avons-nous pas entendu des habitants de Louvain-la-Neuve se plaindre que leurs enfants ne pourraient jamais se payer un logement convenable à Louvain-la-Neuve ?

On avait cru, au début de Louvain-la-Neuve, que le système d'emphytéose allait préserver l'habitat de Louvain-la-Neuve de la spéculation immobilière. Il n'en a rien été. Bien sûr, le système d'emphytéose maintient le prix de base du terrain à un niveau indexé et donc raisonnable. Mais le prix réel d'un terrain à Louvain-la-Neuve c'est son équipement par l'Université et le fait qu'il est fort demandé. L'Université a décidé il y a déjà quelques années de s'aligner sur les prix pratiqués dans la Région. Par ailleurs, les constructions sont souvent l'oeuvre de promoteurs qui prennent également leur bénéfice. Enfin, à la revente comme à la location rien n'interdit  à personne de prendre également son bénéfice.

Ceci posé, voyons s'il y a une alternative.

Un article dans la Libre Belgique du 25 mai 2010 rapportait l'essai d'un groupe d'associations de Bruxelles pour créer une structure juridique qui permettrait d'offrir à des personnes disposant de revenus modestes des logements à prix modérés et de préserver ces logements de toute spéculation immobilière. Cette structure s'inspire d'une structure créée aux Etats-Unis dans les années 60 : la « Land Trust Community ».

Je suis allé à la rencontre d'un représentant d'une de ces associations, Geert de Pauw, de la Maison de Quartier Bonnevie, ASBL, de la Commune de Molenbeek.[1]

Modeste, Geert de Pauw commence par me dire que rien n'est encore fait. Il y a cependant 20 associations qui ont signé une charte marquant leur volonté d'offrir et de garder du logement à prix modéré pour des personnes à revenus modestes.

Ces associations s'inspirent du mouvement des « Land Trust Communities » qui a émergé dans le Sud des  Etats-Unis, dans la mouvance de Martin Luther King et des Droits civiques,  quand il a fallu trouver un système pour contrebalancer l'hégémonie des blancs du Sud propriétaires des terres et particulièrement des terrains à construire.

Aujourd'hui, la crise de l'immobilier aux Etats-Unis a encore relancé la vitalité de ces « Communities » qui sont plus de 250 aux Etats-Unis, la plus grande, à Burlington, dans le Vermont,  comptant environ 2.000 adhérents.

Cinq éléments clefs caractérisent ces « Communities » :

  1.   La Land Trust Community est et reste propriétaire des terrains. 
  2. Il y a séparation entre la propriété de la terre et celle du bâti. Les habitants ont la propriété du bâti ou, autrement dit, ils ont le « droit d'usage ».
  3. Les logements sont accessibles à ceux qui ont les revenus les plus bas et cela « pour toujours ». Si quelqu'un décide de vendre, la LTC a le droit de racheter au prix du marché et revend à quelqu'un qui a un revenu « bas ». Celui qui vend ne reçoit qu'1/4 de la plus-value de sa maison. 
  4. On ne peut pas louer sa maison.
  5. Les LTC sont constituées en ASBL qui aux Etats-Unis portent le nom de « Trusts » (elles  pourraient être aussi des coopératives). Ces associations sont constituées pour 1/3 par des représentants élus par les habitants qui ont les maisons sur les terrains de la LCT, pour 1 autre 1/3 par des « voisins », habitants ou associations (en vue d'intégrer l'opération dans le quartier plus large) et pour le dernier 1/3 par les pouvoirs publics.
Pour le moment, le projet des 20 associations est au niveau de la réflexion avec un projet concret. La paroisse d'Anderlecht a mis à disposition des 20 associations un bâtiments situé rue « Verheyden » pour faire une expérience LTC et si cela réussit le bâtiment sera la propriété de la LTC.

Une telle alternative est-elle réalisable à Louvain-la-Neuve ? Il faut y réfléchir et mener cette réflexion avec les pouvoirs publics et l'Université.

L'AH propose, dans les semaines qui viennent,  une conférence-débat avec l'une ou l'autre des personnes citées dans cet article en prenant comme point d'application le projet d'aménagement de la Baraque qui nous a été présenté au mois de juin.

Jean-Louis Litt


[1]    J'aurais pu également rencontrer Loïc Géronez de Periferia, Thomas Dawance de 123 Logement, Fabrice Adam du Credal ou Nicolas Bernard, Juriste et philosophe, Professeur aux Facultés Saint-Louis et spécialiste des questions de logement.