De l'esplanade et de son diamant

Vous trouverez ici quelques liens éclairants pour l'analyse critique de ce projet, avec quelques extraits à méditer.




Commençons par poser le cadre afin d'éviter les interprétations erronées voire fallacieuses... Urbaverkoi n'appelle pas à un retour en arrière mais bien à développer enfin une vision innovante et pourtant urgente compte-tenu de l'état de la planète. Nombreuses sont aujourd'hui les pistes concrètes ouvertes par des chercheurs de toutes disciplines. Il est temps de les sortir de leur état de théories ! Et Tim Jackson de nous encourager :
« C'est une conversation à propos de morale, d'éthique, d'accès et de droits. Nos sociétés ont déjà modifié radicalement leurs perspectives, sur l'esclavagisme par exemple. Nous sommes donc capables d'un changement massif. Il faut requestionner ce qu'est l'être humain. C'est la promesse d'une nouvelle issue pour prospérer ».

A propos de Peter Wilhem et de son projet d'extension

Un centre commercial pour emblème ?
«  En terme d’architecture, la nouvelle façade de l’extension serait la première chose que l’on verrait en arrivant à LLN [en voiture !]. Il entend donc pouvoir en faire "une nouvelle icône dans la ville" quelque chose "de marquant, et d’emblématique ". (La Libre)
« On voulait un bâtiment emblématique car il est situé à l’une des entrées de Louvain-la- Neuve, raconte Peter Wilhelm. » (Vers L'Avenir)


Sur l'évolution socio-économique de LLN...
« La seconde satisfaction de cet entrepreneur très attaché à Louvain-la-Neuve, c'est qu'il a réussi à faire évoluer le profil socio-économique de la ville grâce à l'arrivée de l'Esplanade. Avec deux conséquences notoires, le développement culturel et l'explosion du prix de l'immobilier. »
ce qui contrastent avec les propos de Jean-Luc Roland repris dans un article de la DH sur son livre :
« Or, l'Esplanade a permis de faire sauter les verrous. Louvain-la-Neuve, ghetto catho, c'est une critique que l'on entend plus. La ville ne s'est pas embourgoisée, elle s'est ouverte et a réussi le défi du multifonctionnel. »
Voir également dans la ribrique Agenda, la conférence débat organisée par l'Association des Habitants de LLN sur le coût de l'immobilier à LLN, ce 31 janvier.


Et alors que LLN est déjà bien desservie en transports en commun et qu'elle va devenir une gare RER, que l'on est ou approche du pic de pétrole, qu'il est urgent de réduire notre consommation de biens et de carburants, le projet de Wilhelm comporte :

=> Un « upgrade » du centre commercial
« L’idée serait donc, en quelque sorte, "d’upgrader" le contenu du centre. »

=> Une large zone de chalandise, pour une clientèle majoritairement automobiliste
« Et il a encore une capacité de croissance dans sa zone de chalandise. Au Sud, celle-ci s’étend jusqu’à Gembloux, au Nord, jusqu’à la forêt de Soignes, Overijse inclus. A l’Est, à la frontière linguistique avec la Flandre, et à l’Ouest, c’est assez flou, mais sans doute au milieu de Lasne-Ohain. Cette zone de 600 000 personnes n’est pas entièrement captée. Il y a encore des endroits d’où les gens ne viennent pas ou pas suffisamment. Il y a une capacité de croissance nette." »

A propos du positionnement de l'UCL, de la Ville et de l'Association des Habitants.


« Ville et UCL sont favorables. »   Pas de conditionnel donc dans leurs déclarations !
« l’UCL a donné un accord de principe pour un extension du centre commercial à cet endroit »
" Le bourgmestre , lui, "voit d’un très bon oeil que le projet se poursuive. »
« Les habitants sont plutôt favorables à l’extension du centre commercial. »
"Si les inconvénients liés à la circulation et au parking incontrôlé sont maîtrisés avec plus de détermination qu’aujourd’hui ", on ne se dit donc pas " en défaveur d’un élargissement de l’offre de l’Esplanade."

A propos des implantations commerciales :
Inter-Environnement Wallonie nous livre une récente et éclairante analyse, illustrée notamment par les propos de Peter Wilhem en personne.
« Les difficultés du tissu commercial traditionnel sont en effet tues, tout comme les incidences négatives en matière d’aménagement du territoire des grosses structures commerciales, qu’elles soient localisées en périphérie ou en ville. Car les shopping-centers et les rues commerçantes, s’ils trustent l’essentiel de l’animation commerciale, se développent au détriment de l’urbanité traditionnelle qui est faite de densité et de mixité des fonctions – des logements au-dessus de commerces proches de bureaux et d’équipements collectifs. L’urbanité, c’est pourtant ce qui fait la ville, et qui continue d’être aujourd’hui encore une des caractéristiques les plus remarquables des villes belges. »
« Ce qui interpelle le plus, à écouter le secteur de l’immobilier commercial, c’est l’absence de pensée globale. A l’image de Wilhelm & Co, l’économie et le commerce sont envisagés dans un système clos. Aucun intérêt n’est accordé à l’impact que pourraient avoir des stratégies commerciales sur d’autres sphères de la vie en société : environnement, social, aménagement du territoire, qualité de vie, santé. Il n’y a aucune projection dans l’avenir. La vision reste cantonnée sur les 3-4 années à venir. Pour ce qui est de l’après, on verra bien. Si un concept marche aujourd’hui et qu’il peut rapporter gros, allons-y. La question des reconversions ou la dimension urbicide, c’est peu important. C’est aux pouvoirs publics de gérer cela. Les acteurs économiques, eux, ils doivent faire de l’économique. Et les pouvoirs publics, ils doivent les laisser travailler. Car ce sont eux, les développeurs commerciaux, qui rendent heureux les gens. Quand les gens disent qu’ils ont envie de cela et cela, il faut leur donner. On n’a pas à réfléchir. Le client a toujours raison. »

A propos de Tim Jackson
(extraits de http://www.developpementdurable.be/praktijk/33/articles/2050)

Le modèle d'  « économie écologique » proposé par Tim Jackson prône un double changement.
Un changement dans l'orientation des investissements qui doivent désormais concerner la sécurité énergétique, les infrastructures économes, et la protection écologique. Il rappelle le rôle crucial des pouvoirs publics dans cette évolution. « Chaque euro investi devra non plus expulser le moins de carbone mais en absorber le plus possible ! »
Et un changement de « fournisseur de bonheur ». A chacun de nous de « trouver une version fonctionnelle de la prospérité » qui reposerait sur une base : s'épanouir dans les limites écologiques. Plus de sens, moins de choses. Ce qui rejoint le dicton du mouvement de la simplicité volontaire : « moins de biens, plus de liens ». Développer l'être et non l'avoir...
Ainsi, Tim Jackson dénonce un piège central de notre société : la place de l'apparat comme statut social, un désir sans cesse renouvelé de plaire pour exister. L'investissement stimule la croissance, diminue les prix, crée la nouveauté et attise notre appétit d'achat. Nous jetons le vieux pour prendre le nouveau, nous engageons inconsciemment (ou non) une compétition à la voiture la plus rapide, aux vacances les plus ensoleillées, etc. Et là, comme le souligne Tim Jackson, « on a un problème avec notre nature humaine ».
Selon ce philosophe de l'environnement, cette réincarnation de notre prospérité dans des valeurs humaines et sociales aura un double effet : réussir un équilibre plus harmonieux de nos vies (notamment par rapport au travail) et réorienter la croissance vers l'investissement efficient vert, vers la transition d'une société durable (au lieu d'une course à la surconsommation).
« C'est une conversation à propos de morale, d'éthique, d'accès et de droits. Nos sociétés ont déjà modifié radicalement leurs perspectives, sur l'esclavagisme par exemple. Nous sommes donc capables d'un changement massif. Il faut requestionner ce qu'est l'être humain. C'est la promesse d'une nouvelle issue pour prospérer ».

Et plus sur les nouveaux indicateurs de prospérité
un bel article d'Isabelle Cassiers, professeur d'économie à l'UCL

4 commentaires:

  1. "Shopping Center Esplanade".
    Un petit reportage photographique commenté par un habitant de LLN.

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  2. Petit extrait des Cahiers de l'Urbanisme. Commerce. Décembre 2008. N°70. à propos de l'Esplanade :

    "On regrettera la faiblesse de la conception urbanistique de ce projet qui n'a pas organisé la liaison entre les quartiers existants et ceux à venir. Ce projet est conçu à l'image d'un lombric dont la tête, entrée et sortie, est la seule partie qui soit réellement en dialogue avec les espaces de la ville, même s'il existe un débouché discret à l'arrière du bâtiment.
    Une galerie commerciale est par essence un ensemble architectural introverti puisque toute l'activité y est orientée vers les espaces internes."
    No comment.

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  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  4. Dirigée par un bourgmestre Ecolo, Louvain-la-Neuve a renoncé à la publicité mais pas à la double extension du shopping center de l’Esplanade (en rouge sur l’image)

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