A l’heure de la décroissance…un urbanisme totalitaire

Carte blanche parue dans "La savate", le journal des étudiants de l'UCL, édité par l'AGL 


URBANISME INSTRUMENTAL…

Il y a un urbanisme « relationnel » comme il peut y avoir un urbanisme « instrumental. »

L’urbanisme « instrumental » propose un monde « suspendu entre ciel et terre », déraciné. Le maître d’œuvre, l’architecte, l’entrepreneur et jusqu’au maçon sont « ailleurs », pendant qu’ils oeuvrent. Dans un univers de perspectives, de « paysages », de « matériaux » ; calculés, formés ;  vivant d’une temporalité accélérée, où l’habitant est absent. Bâtiments de prestige, de rente, de spectacle. Qui assoient des positions dominantes ! Et ainsi le logement se met à répondre à des jeux « de surfaces », « d’épures », de plans. Et lorsque « la bise fut venue » (une crise financière p. ex.) le jeu subtil  des formes se réduit alors aux injonctions commerciales et financières. Et la tentation est grande de s’y plier… et ensuite, d’en imposer la loi  au détriment du reste. Et l’urbanisme perd son ancrage, se met à « flotter » au milieu du vallon … Ce risque est d’autant plus prégnant au moment où l’on bâtit une ville nouvelle…

« UN URBANISME RELATIONNEL… »

Mais il existe des urbanismes de « relation », qui relient les choses entre elles. Qui s’inquiètent de la « terre » avec laquelle ils vont interagir, et pas seulement sous une forme « comptable ».
Une approche qui connaît les courbes de niveaux,  non seulement parce qu’elles calculent des altitudes, mais surtout parce qu’elles dessinent  un val, un coin de nature, un terrain habité, parce qu’elles relèvent  les mouvements de la vie, racontent une histoire où l’on parle de soleil, de bosquet, de lieu de provende, de goût, d’odeur, de passions, d’émo­tions…
Parce que l’espace pur de la planche à dessin n’existe pas, parce que la terre n’est pas vierge, elle est un lieu déjà-toujours-habité, toujours, tout-le temps… où l’on rencontre  « l’autre » (humains, nature,…)


Au quartier de la Baraque ce type d’urbanisme  relationnel existe depuis plus de trente ans ! Un urbanisme qui vit d’une « autre tem­­poralité » : lente, légère, habitée, d’un « autre » temps . Qui croît et croit… à un autre rythme… Et il faudrait plus d’un roman pour en retracer l’histoire ! Or, de la Baraque l’UCL offre de  préserver  cet « habitat relation­nel »… tout en y lâchant, comme un chien stupéfié, le Bulldozer de l’urbanisme instrumental ?


« L’URBANISME RELATIONNEL AU MUSÉE ! »

Mais qu’on ne s’y trompe pas, en implantant ce pharaonique projet « RER-Courbevoie » au quartier de la Baraque, et en détruisant la friche de biodiversité qui lui permettait de respirer, on ne préserve rien, on réduit seulement l' « urbanisme de relation » à une temporalité « muséale » ; celle de  la « réserve » ; pour offrir à l’urbanisme immobilier et institutionnel de poursuivre sa course, sans limite !  Alors même qu’on « hurle » partout que la temporalité « pétrolière » et son accélération car­bonée sont révolues !

« UN URBANISME DE CONTRAINTE »

Dans sa dimension politique l’urbanisme « instrumental » impose son rythme à la vie en général, suivant des valeurs relatives à son univers propre : pérenniser des accumulations par l’endet­tement infini et médiatique d’un espace pourtant fini.
Un univers d’exclusion et de pureté, un urbanisme totalitaire… Où les habitants sont appréhendés sous leur potentialité d’usure…instrumentale.

« DES GEOMÈTRES AFFOLÉS… »

Depuis quelques semaines déjà,  au quartier de la Baraque, dans un coin de verdure qui a viré à l’ocre, et bientôt au gris & blanc de l’hiver, on remarque des quidams, de l’espèce « géométrisant », portant jaquet­­te orangée aux éclats fluorescents, s’agiter de-ci, de-là, avec leur panoplie de mesurage. En hâte, ils relèvent les courbes de niveaux…
Depuis des années que les architectes de l’UCL préparent « en catimini » (ou du moins dans un assourdissant silence médiatique)  l’urbanisation du quartier de la Baraque ; ils ont découvert il y a peu – alors que les demandes de permis d’urbanisme sont produites depuis des mois –, de notables erreurs entre le profil de leur projet pharaonique et la réalité du terrain... mais que leur importent, en somme, puisque la terre, après l’avoir démantelée, sera  « paysagée ».

La « réfl-axion » peut se poursuivre. Des habitants du quartier de la Baraque et de Lauzelle ont constitué un collectif pour un « autre urbanisme », ouvert à tous, fait « par les habitants pour les habitants… » Ils ont aussi ouvert un Blog :  http://urbaverkoi.blogspot.com
Bien à vous
Benoît Maskens. LLN 2 déc. 2010

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