LLN en vitrine à Paris... 


C'est dans L'Avenir du 2 mars dernier que nous avons découvert cette information.

Ce même article nous apprend que, non contente de s'exposer pendant 3 jours à Paris ( «Naissance et développement urbanistique de Louvain-la-Neuve» les 5, 6 et 7 avril prochain), OLLN sera aussi prise comme exemple au « colloque international ouvrant ces trois journées, «Écologie urbaine, pour une ville désirable».
C'est ce que confirme le programme téléchargeable sur le site de WWF France, co-organisateur du colloque.

« Urbanisme pour une ville désirable » est le nom de la campagne de WWF France qui vise à proposer aux décideurs locaux des pistes pour améliorer la vie en ville.
Un guide, des capsules vidéo présentant des villes ou quartiers exemplaires...

Si vous avez déjà parcouru un peu le blog d'Urbaverkoi, vous comprendrez que tout cela nous laisse perplexes et nous semble plus offrir une source potentielle d'inspiration pour OLLN que l'inverse...
Cet étonnement a même inspiré le texte qui suit à un citoyen-poète néo-louvaniste.



Quelle ville allez-vous vendre à Paris, chers édiles ?

La ville où il fait bon vivre...
ou la ville où il fait bon investir ?
Le brassage des gens, étudiants, travailleurs,
résidents et commerçants...
ou le pôle des grands gagnants ?

Irez-vous à Paris au nom
des citoyens qui se sont battus
pour garder la nouvelle poste et occuper l'ancienne ?
Parlerez-vous du GAC, de l'AMAP et d'Altérez-vous ?
Ou ferez-vous table-rase avec Hergé et la compagnie Willhem?

Allez-vous à Paris pour vendre Corps et Logis,
le Bauloy, la Poste et la future Maison des Jeunes...
ou irez-vous vanter les Bruyères
et l'immobilier des milliardaires ?

Allez-vous à Paris pour vendre la gare d'Ottignies
ou pour rêver du parking RER de Louvain-la-Neuve,

Voulez-vous que la ville que vous allez vanter
devienne un vampire
où les véhicules de nulle part viendront s'engouffrer
parce qu'elle aura gagné tout ce que d'autres auront perdu ?

Elle aura la culture et son MULAC,
le RER et son autoroute,
Elle aura ses Esplanades
pour faire des petites balades,
son université et son parc scientifique,
son centre sportif de haut niveau...

La belle LLN aura son golf
et son bois de Lauzelle
son lac,
sa dalle,
sa ville la plus piétonne d'Europe
et sa Baraque
qui a bon dos.

A ce monopoly
que risquons-nous de perdre?
sinon notre âme, notre esprit critique, notre vision d'avenir?
A vouloir trop devenir,
nous risquons de « fâdir ».

Allez-vous à Paris
pour vendre Courbevoie-sur-dalle,
comme d'autres avant vous
sont allés à Cannes pour dévoiler
leur prochain  Diamant ?

La primeur vient d'ailleurs,
à petits pas elle resserre son étreinte.
N'avez-vous plus les oreilles de vos ouailles
pour vous exiler loin de notre bonne ville
et chanter le petit soir du grand capital
à mille lieues du Bulletin Communal ?

Le jour du grand voyage,
soignez votre beau langage
Dans la grande Lutèce,
Bon voyage, Messieurs les édiles,
Bon vent à vous.

Mais n'oubliez-pas
votre petit coin de verdure
dans son écrin brabançon,
ses champs et les murmures,
de ses gens d'ici,
et d'ailleurs,
ces gens qui vous ont élus.

Mike Derom

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En prenant connaissance de l'exposition d'Ottignies-Louvain-la-Neuve à Paris, nous avons aussi découvert avec intérêt la campagne de WWF France en ce domaine, et les exemples inspirants d'aménagements de quartiers urbains ou de villages.

En tant que groupe de citoyens qui s'interrogent sur les choix urbanistiques posés dans la ville dans une vision à long terme, nous souhaitons vous faire part de notre étonnement de vous voir présenter Ottignies-Louvain-la-Neuve en exemple au colloque « Ecologie urbaine, pour une ville désirable ».

En effet, s'il est vrai que cette ville présente un beau potentiel en matière de développement durable, ce potentiel nous paraît sous-exploité. Et nous sommes perplexes devant certains projets qui nous semblent aller à l'encontre de la mise en œuvre d'une écologie urbaine. En voici quelques illustrations.
Au niveau économique et commercial :

S'il est certainement positif d'avoir choisi d'accoler le centre commercial au centre-ville plutôt que de l'isoler au milieu des champs, nous restons dubitatifs devant le choix d'un mall sur un immense parking :
  • un espace fermé qui rend impossible la mixité de fonctions et qui crée une coupure entre le centre et les quartiers résidentiels de La Baraque et de Lauzelle,
  • qui ne rassemble que des « grandes enseignes », dont des chaînes de magasins qui font venir leurs matériaux et travailleurs de l'étranger pour leurs rénovations et transformations à répétition...,
  • qui vise une zone de chalandise de 40km pour des clients potentiels majoritairement automobilistes...
Cette priorité donnée par les autorités communales et le propriétaire terrien (UCL) à du commerce de « multinationales » avec tous ses effets pervers, ne se fait-elle pas au détriment du développement d'une consommation responsable, de filières courtes, de mobilité douce, et de mixité de fonctions ?

En terme de mobilité, il nous paraît fondamental de rappeler que cacher les voitures sous une dalle offre certes un centre piétonnier mais pas forcément une mobilité douce.

Ainsi, en l'absence d'une politique volontariste pour décourager l'usage de la voiture et stimuler l'adoption de modes de déplacement doux, nombreux sont les habitants qui profitent du centre piétonnier en s'y rendant en voiture par un saut sur la rocade avant de jouer les ventouses dans les rues d'habitation les plus proches du centre (commercial...).

Une carte de riverain limitée au quartier de résidence, un « point vélo » à Louvain-la-Neuve (il vient d'être fermé faute de pouvoir trouver un accord avec la Ville ou l'UCL pour un local), de véritables parkings vélos et des actions de sensibilisation ... font à ce jour défaut.

De récents choix urbanistiques nous semblent également s'inscrire plutôt dans une logique de « tout à la voiture » comme l'aménagement du quartier des Bruyères à Louvain-la-Neuve ou celui de l'espace « coeur de ville » à Ottignies où piétons et cyclistes sont relégués sur les bords alors que la place est consacrée à un grand parking, environné d'autres parkings... sans le moindre espace convivial.

De plus, si cela n'est pas la seule responsabilité de la ville d'Ottignies-Louvain-la-Neuve, on peut également déplorer le manque de liaisons cyclables et en transports en commun avec les villages alentours.

Au niveau social et culturel, l'augmentation du niveau socio-économique de la ville et en particulier de Louvain-la-Neuve est indéniable. Les choix posés ces dernières années attirent les investisseurs et de joyeux consommateurs dont les revenus leur permettent de s'acheter un logement à des prix exponentiels...
Au risque de voir la mixité sociale fondre ici comme les glaciers.

Quant au MULAC, nous remercions les fonctionnaires technique et délégué à la Région wallonne pour leur positionnement dont nous partageons les arguments. Surenchère et apparat ne riment pas avec écologie urbaine.

Ainsi, il nous semble que la ville, et en particulier Louvain-la-Neuve, est peut-être rendue de plus en plus désirable... pour les investisseurs mais pas pour les habitants qui souhaitent y vivre en harmonie avec leur environnement en réduisant leur impact négatif sur celui-ci. Elle est surtout devenue inabordable pour les familles aux rêves piétons et cyclistes.

Heureusement, de nombreux projets locaux existent et continuent cependant d'émerger ici, et obtiennent parfois le soutien de la Ville.

Il s'agit d'initiatives développées et portées par des citoyens, tels que le quartier alternatif à La Baraque, les potagers collectifs, le Groupe d'Achat Commun et la nouvelles AMAP, les systèmes de donnerie-prêterie-servicerie, le café citoyen Altérez-vous...

Nous espérons donc que ce colloque aura constitué une occasion pour la ville d'Ottignies-Louvain-la-Neuve de s'inspirer d'autres projets, vers plus de cohérence et d'innovation.

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